Chapelle envahie par les tombes du cimetière.
Seule l’abside de cet édifice du 9e siècle ou du 12e siècle est encore visible.
Elle était décorée de fresques dont il reste encore un groupe étonnant de femmes se tenant près de la Vierge. Etat de conservation alarmant
Il ne reste de cette chapelle qu’une abside perdue dans l’espace anarchique du cimetière.
Il faut se faufiler entre les tombes pour accéder à ce qui fut une chapelle assez particulière car l’abside est décorée de fresques au décor tout à fait inhabituel. Il faut, malheureusement, se référer aux descriptions anciennes pour en comprendre l’intérêt. En 1984-85, Joseph Orsolini écrivait déjà que « les eaux de ruissellement et les infiltrations lui seront bientôt néfastes. » Force est de reconnaître qu’il avait raison et que bientôt, si rien n’est fait, il ne restera plus rien de ces fresques du 15e siècle battues par le vent et la pluie.
Il en va de même avec les quelques restes de la chapelle elle-même. Geneviève Moracchini-Mazel publie dans son ouvrage de 1967 une photo de l’édifice : on y voit encore nettement le fronton oriental ainsi que le mur sud.
La datation de cet édifice varie suivant les écoles : G. Moracchini-Mazel avance le 9e siècle, tandis que R. Coroneo la place au 12e siècle comme la majorité des chapelles romanes.
La fenêtre de l’abside a été obturée, sans doute pour permettre le déploiement du décor peint. Cette abside, semi-circulaire et voûtée en cul de four est précédée d’un arc triomphal aux claveaux d’épaisseur inégale qui s’appuie sur les angles des murs nord et sud. Le mode de construction est ici moins soigné que dans d’autres édifices : les pierres mêlés à des briques sont petites et liées avec du mortier, sans superposition régulière des assises. A l’arrière, l’abside a été recouverte de ciment.
En regardant les restes du décor peint, dans l’abside, on aperçoit un grand manteau bleu, celui d’une Vierge en majesté tenant, dans ses bras, l’Enfant Jésus dont on distingue un pied. A droite de la Vierge, un groupe de femmes en prière se détache avec leur vêtement blanc. A gauche de la Vierge, il reste quelques vestiges d’un saint Pierre tenant un livre et les clés du royaume des cieux. On distingue encore nettement son manteau traité de gros traits bruns et les mains tenant les lourdes clés.
Il est d’autant plus regrettable que ces fresques soient en voie de disparition qu’elles sont tout à fait uniques dans le répertoire corse : une Vierge en majesté, occupant la place réservée au Christ ailleurs, et une confrérie de femmes sont deux thèmes qui ne connaissent pas d’autres exemples. Joseph Orsolini rapproche ces fresques de celles de la chapelle Sainte Restitude de Calenzana. Il y voit une grande similitude dans le graphisme, la manière de traiter les mains, les attitudes, le rendu énergique ainsi que la fraicheur et la naïveté de l’ensemble.
Cette découverte, même dans l’état actuel, vaut une visite.
En 1646, cette chapelle servit, d’après Mr Marliani, l’église paroissiale de Nessa. La chapelle a été classée aux Monuments historiques en 1990.
Coroneo R., Chiese romaniche della Corsica, 2006, p. 171
Haute Corse, Gallimard, 2006, p. 208
Massiani St., La Corse et ses chapelles romanes, 1991, p. 53
Moracchini-Mazel G., Les églises romanes de Corse, 1967, t. 2 p. 238
Orsolini J., L’art de la fresque en Corse de 1450 à 1520, 2003, p. 42 (il semble que la photo et la description aient été inversées)
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