L’église San Giovanni de Sari d’Orcino devait être très belle et dégage encore, malgré son état, une impression de calme et de majesté.
D’un appareillage soigné, elle offre quelques détails originaux comme des oculi, des consoles moulurées et des archivoltes décorées de trois lignes concentriques.
L’église piévane San Giovanni Battista de Cinarca occupe un petit plateau dominant les vallées, notamment celle du Cruzini, et se situe aux carrefours d’anciens sentiers.
Elle apparait dans l’histoire en 1564 car Sampiero Corso y rassembla ses maigres troupes lors de sa seconde tentative de secouer le joug génois. Déjà en piteux état en 1587, elle perdit son titre de pieve en 1638 et fut délaissée, après un incendie, vers 1686. Elle subit alors le sort des édifices abandonnés et servit de remise et de carrière, ses pierres se retrouvant dans de petites constructions avoisinantes.
Elle fit l’objet de campagnes de fouilles menées par Ph. Pergola dans les années 1977-1979 puis fut restaurée dans les années 1980 : reconstruction de l’abside et d’une partie de la façade occidentale, consolidation des murs, toit en teghie sur l’abside.
Elle a donc retrouvé un peu de son lustre d’antan. Construite en très beaux blocs soigneusement taillés et ajustés, elle comporte des détails raffinés : pilastres aux angles extérieurs, moulure oblique à la base du soubassement, consoles moulurées au départ de l’arc triomphal, oculi sur les frontons est et ouest et 4 cupules pour recevoir des bols polychromes (bacini) entourant la croix ajourée.
Les archivoltes des 3 fenêtres de l’abside sont décorées de trois lignes concentriques, éléments que l’on retrouve dans deux autres édifices de la région, notamment à San Giovanni Battista de Paomia.
Plusieurs éléments décoratifs font penser à la cathédrale du Nebbio ce qui induirait une datation vers la fin de la première moitié du 12e siècle.
Les autres éléments sont traditionnels : l’abside, présentant un bandeau mouluré soulignant le toit et la nef unique (de 18 m x 6,85 m), était percée de trois portes, situées dans la façade occidentale et dans les murs nord et sud. Ces portes sont toutes surmontées d’un arc à claveaux encadrant un tympan nu reposant sur un linteau monolithe.
L’arc triomphal composé de beaux claveaux est surmonté d’une croix ajourée.
Les fouilles ont permis de confirmer que l’édifice n’avait pas de pavement et a mis au jour les traces de la cuve baptismale circulaire située au centre de la nef à la hauteur de la porte latérale sud ainsi que les bases de deux autels latéraux, signe d’une triple dédicace, comme c’est souvent le cas pour les églises piévanes.
Elles ont aussi mis en évidence que le site était occupé depuis le 1er siècle de notre ère mais aucune trace d’un édifice paléochrétien n’a été retrouvée. Par contre, deux tombes rupestres ont été mises au jour près de l’abside. Ce type de tombes creusées dans la roche était très répandu dans les nécropoles chrétiennes du Bas-Empire et du haut Moyen-âge.
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