La cathédrale du Nebbio, dédiée à Santa Maria Assunta, est un bel exemple de l’art pisan du 12e siècle. Avec la Canonica, sa sœur jumelle, elle est une des rares cathédrales à avoir été conservée. D’une grande harmonie, elle offre un décor sculpté plus développé que celui de la Canonica.
La cathédrale du Nebbio se dresse non loin de Saint-Florent sur un site déjà habité à l’époque romaine.
Elle fut sans doute construite entre 1125 et 1140. Elle est évoquée dans deux documents de 1138 et de 1145 et clairement nommée dans le cartulaire de la chartreuse de Calci en 1176.
Abandonnée au 13e siècle pour des raisons d’insécurité, elle est réparée au début du 16e siècle par Mgr Giustiniani qui lui adjoint un clocher.
A nouveau désertée vers 1576 (elle perdra son toit), elle est restaurée et, en 1611, un palais épiscopal lui est adjoint ; le complexe sera à nouveau délaissé puis réaffecté en 1748 pour servir de garnison aux troupes génoises !
Le diocèse du Nebbio fut, en 1801, incorporé à celui d’Ajaccio.
Suite à la visite de Mérimée, la cathédrale fut le premier édifice à être classé en Corse (1875), elle fut alors complètement restaurée et débarrassée de son clocher.
La basilique, construite en blocs de calcaire à grain fin, ressemble à celle de la Canonica, cathédrale de Mariana. Tout aussi harmonieuse, elle s’en distingue par un décor plus important, notamment sur la façade occidentale et sur les murs latéraux.
La façade est scandée par deux rangées d’arcades aveugles reposant sur des pilastres surmontés d’un tailloir : cinq arcs dans le bas, trois dans le haut.
Au centre, la porte principale est surmontée d’un linteau sculpté supportant un arc à double ressaut, au tympan ouvert, s’inscrivant parfaitement dans l’arcature centrale ; à l’étage, une niche surmontée d’un autre tympan ouvert.
Une croix ajourée se dessine au sommet du fronton.
Un décor discret anime cette structure très équilibrée : crochets, modillons, feuilles stylisées.
Les deux chapiteaux entourant la porte centrale au linteau ouvragé (dessins géométriques incisés et coquilles) sont en haut relief : ils sont ornés l’un d’un quadrupède (un lion ?), l’autre de deux serpents entrelacés. Notons encore deux cartouches rectangulaires disposés dans les arcatures les plus extrêmes.
Les murs latéraux, présentant deux étages, sont percés de fenêtres meurtrières et d’une porte surmontée d’un arc au tympan aveugle. Ils sont ornés, contrairement à la Canonica, d’une frise d’arcs monolithes reposant sur des modillons aux décors géométriques : cercles, moulures, crochets, avec quelques exceptions (quadrupède, serpent). L’arc de la porte nord présente le seul effet de polychromie du bâtiment.
L’abside, percée de trois fenêtres, est un chef d’œuvre de pureté : les six colonnettes semi-engagées sont couronnées de chapiteaux reprenant des arcs à double ressaut. Les chapiteaux sont ouvragés de feuilles stylisées avec des volutes d’angle, (figures humaines dans l’un d’eux). Dans l’angle nord-est, figure un quadrupède. Cette abside, comme celle de la Canonica, est comparable à d’autres exemples de Sardaigne et d’Italie.
L’équilibre extérieur se retrouve à l’intérieur : la nef centrale, la plus haute, est deux fois plus large que les travées latérales (même largeur que la Canonica), soit 13,55 m pour une longueur de 27,75 m.
Les travées sont séparées par six piliers (sept à la Canonica, plus longue) ou colonnes alternativement carrées ou cylindriques. Si tous sont surmontés d’un tailloir rectangulaire, seuls les chapiteaux des colonnes sont plus travaillés en haut relief : coquilles, crochets, quadrupède (fort semblable à celui de la façade occidentale), serpents enroulés, tête de bélier, petite tête humaine.
L’abside, en cul de four, est précédée d’une travée droite voûtée en plein cintre qui repose sur des piliers cruciforme. Cette voûte porte les restes de fresques du 15e siècle dont les bords sont recouverts par les stucs du 17e siècle de l’autel baroque, moins invasif que dans d’autres églises. Entourés d’une bordure en papier plié, les apôtres sont répartis en 4 groupes couvrant l’arche : Thomas, Jacques le Majeur et André forment le premier groupe, Simon conduit le deuxième groupe tandis que les six autres apôtres répartis dans l’arrondi de la voûte ne sont plus identifiables.
Au fond de l’église, une châsse vitrée contient la relique de St Flor, soldat romain qui fut martyrisé au 3e siècle et qui est fêté tous les trois ans.
L’église est toujours dédiée au culte et toutes les grandes messes y sont célébrées.
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