Chapelle de col du 13e siècle, Sant’ Agostino n’est plus que ruines. Pourtant des éléments épars attestent encore de la beauté initiale de l’édifice que l’on découvre dans un paysage magnifique. La porte occidentale, par exemple, présente de très belles consoles sculptées.
La découverte de la chapelle Sant’ Agostino de Locchia provoque un choc. Autant la situation est superbe sur un col dominant la vallée du Golo, autant l’état de l’édifice est alarmant.
Comme à Rapale (San Cesario) ou à Pieve (San Nicolao), on assiste, impuissants, à une détérioration due au pillage de matériaux. Ironie du sort car ces trois édifices sont sans doute dû aux mêmes bâtisseurs !
La chapelle, datée de la fin du 12e- début 13e siècle, s’élève à 600 m des ruines d’un castellum. Elle a dû être très belle. Les dalles utilisées pour les murs devaient offrir un jeu de polychromie allant du vert sombre au blanc en passant par le gris et le vert clair.
De plus, un décor sculpté soulignait les éléments architecturaux : consoles de la porte occidentale ornées d’une double rangée de crochets agrémentés de volutes et constellés de petits trous stylisées, moulure soulignant le soubassement devenant une cordelette à la base de l’abside, cordelette que l’on devait retrouver à la corniche de cette même abside, tympan monolithe au-dessus des deux portes (une à l’ouest, l’autre au sud).
La façade occidentale était particulièrement soignée : scandée par quatre pilastres, deux aux extrémités et deux encadrant la porte, elle présentait une division tripartite.
La nef unique, de 11m x 4,30 m se termine par une abside voûtée soulignée par un arc triomphal composé de claveaux clairs et sombres disposés en alternance et reposant sur des consoles décorées d’un motif gravé imitant une suite d’arcs. Elle était éclairée par deux fenêtres meurtrières disposées dans chaque mur latéral et une au centre de l’abside. Celle-ci est surmontée d’une archivolte échancrée en arc brisé comme devaient l’être les autres fenêtres.
Cette description se base sur les éléments épars car, si l’état était déjà qualifié de « déplorable » par G. Moracchini-Mazel en 1967, il s’est encore empiré.
Le parement des murs et de l’abside ont été en grande partie arraché faisant apparaître le noyau central des murs fait de moellons non travaillés noyés dans du mortier Ce « démontage » fragilise l’édifice et de nombreux éléments gisent sur le sol : claveaux de l’arc triomphal, tympans des portes, éléments de la corniche de l’abside.
La chapelle était sans doute déjà en ruines au 17e siècle mais ce qui reste mériterait un sauvetage.
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Moracchini-Mazel G., Les églises romanes de Corse, 1967, t. 1 p. 151-152, t. 2 p. 221
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France-romane.com