Curieuse église présentant deux absides jumelles, ce qui est assez rare. Malheureusement l’abside est, une fois encore, la partie la mieux conservée d’un édifice érigé sur un site occupé depuis la Préhistoire et daté du 10e siècle pour G. Moracchini-Mazel, du 12e-13e siècle pour D. Istria
Les ruines de l’église piévane de Talcini se dressent sur le versant du Mont Cecu à deux kilomètres au nord de Corte dominant le paysage.
L’édifice, orienté vers l’est, se caractérise par deux absides identiques. C’est d’ailleurs la partie la mieux conservée car les murs nord et sud sont fort détériorés. La façade ouest, quant à elle, se devine par son tracé de pierres. L’emplacement de la porte est encore visible avec un bloc monolithe formant piédroit extérieur. Le terrain étant fortement en pente vers le sud, le côté nord, a été creusé et servait de mur de soutènement tandis que le mur sud a dû être doté de bonnes fondations pour compenser la déclivité du terrain. Ce mur s’élève encore sur un petit mètre de haut et présente une porte marquée par des blocs et des dalles dressées. Son mode de construction est celui de l’ensemble l’édifice : petit appareil de blocs de calschiste gris alternant avec dalles de revêtement.
La nef unique, de 14,80 m x 6,90 m, se termine par 2 absides jumelles encadrées de deux arcs triomphaux à 32 claveaux régulièrement taillés et éclairées par deux fenêtres surmontées de petits claveaux de tuffeau.
Les petits claveaux seront abandonnés à l’époque pisane en faveur d’archivoltes échancrées.
Le soin apporté à la construction se perçoit par exemple dans le pilastre de retombée entre les deux absides, ou dans le profil de l’arc lui-même.
La datation de cet édifice fait polémique : si G. Moracchini-Mazel le date du 10e siècle, Ph. Pergola et R. Coroneo optent plutôt pour la fin du 11e siècle-début du 12e tandis que D. Istria le place à la fin du 12e-début du 13e siècle se basant sur la double abside dont le plan est bien connu dans le nord de la péninsule italienne et daté des 12e-13e siècle.
Les travaux entrepris en 1973 et 1975 par la FAGEC et les fouilles menées par Ph. Pergola, ont mis au jour les restes d’un socle rectangulaire avec une cuve baptismale rectangulaire à l’extérieur, circulaire à l’intérieur. On en perçoit le tracé dans la végétation. Des blocs alignés devant l’abside faisaient sans doute partie de l’emmarchement conduisant aux deux autels : celui de Santa Mariona et de Saint Jean Baptiste étant donné la fonction piévane de l’édifice.
Déjà en ruines en 1589, l’église se dressait dans un site occupé depuis la préhistoire : multiples terrasses et vestiges de structure en pierres, traces d’activités métallurgiques (scories de fer).
Le ravin dit Bagni romani semble bien mériter son surnom car des murs attestant l’emplacement d’un site romain y ont été mis au jour. Lors de prospections menées en 2002, du matériel épars laissent supposer une habitation du néolithique et de l’âge du bronze.
Corse médiévale, Guides archéologiques de France, 2014, p. 103-104
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Les églises piévanes de Corse de l’époque romaine au Moyen Age VII La piévanie de Talcini, Cahier corsica, 1975, p. 84-91
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coggia.com/coggia-sagone/dossiers/Gaubert : Gaubert, Recherches sur les origines de la Corse par les monuments (d’après les dessins pris sur place dans les années 1886-1889), planche IX
France-romane.com
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