Trait d’union entre l’époque romaine et l’époque pisane, l’église paléochrétienne San Parteo (entre le 4e et le 6e siècle) s’élevait en dehors de la ville romaine de Mariana ; elle fut reconstruite au 11e et agrandie au 12e siècle. Le site servit de cimetière durant plusieurs siècles
L’église San Parteo se dresse isolée entourée de champs et de pâturages à 300 m environ de la Canonica.
A la lumière du matin, l’abside est superbe : tranchant sur de beaux blocs de teintes différentes allant du blanc à l’ocre, deux pilastres et six colonnettes semi-engagées sont surmontées de chapiteaux corinthiens soutenant les arcatures en marbre blanc sculptés que l’on retrouve également au-dessus de la fenêtre centrale.
Les colonnettes de granit sont un réemploi et les arcatures et les chapiteaux, finement sculptés, sont du 11e siècle. Deux fenêtres encadrent cette abside harmonieuse.
Le reste de l’édifice est plus sobre : deux fenêtres et une porte de chaque côté. La porte nord est simple : un linteau rectangulaire supporte un arc à claveaux et un tympan nu tandis que le linteau en bâtière de la porte sud présente deux lions affrontés de part et d’autre d’un palmier.
La porte occidentale est plus soignée : le linteau et les consoles sont ornés de rangées de palmettes stylisées ; les piédroits reposent sur une base moulurée.
Ces éléments sculptés seraient à dater du milieu du 11e siècle (c’est-à-dire de la même époque que l’abside) et auraient été réemployés lors de la reconstruction de la nef au 12e siècle. L’appareillage des murs est très étudié : les grandes dalles alternent avec des lignes de pierres plus étroites créant ainsi des rythmes différents. Les trous de charpente sont soigneusement ménagés par un écartement entre les assises et forment un élément décoratif.
La nef unique, de 20 m x 8,50 m (la plus large de Corse) se termine par une abside entourée de deux petites chapelles latérales dont les voûtes reposaient sur un pilastre semi-engagé et sur un pilier aujourd’hui disparu. On peut donc supposer que l’édifice avait trois autels et donc trois saints patrons.
Le chœur était séparé du reste de l’édifice par une clôture. La nef devait comporté deux rangées de piliers. Les trois portes sont toutes surmontées d’un arc à claveau au tympan nu. Le sol est formé de galets disposé en hérisson.
L’édifice du 11e siècle a été remanié au 12e siècle et sans doute agrandi (traces de césures dans le parement intérieur). La façade occidentale est donc du 12e siècle, époque à laquelle de nombreuses églises furent construites ou réaménagées.
Sous l’édifice des 11e et 12e siècles, des recherches archéologiques effectuées en 1958 ont mis au jour une basilique paléochrétienne datée entre le 4e et le 6e siècle, de dimensions semblables mais légèrement décalée par rapport à l’église actuelle.
Cette basilique à trois nefs se dressait à l’extérieur de la ville romaine de Mariana sur un site servant de cimetière : d’abord païen, paléochrétien ensuite et, enfin, médiéval comme l’attestent de nombreuses inhumations dans des amphores ou sous un toit de tuiles.
Les fouilles ont permis de retracer le plan du premier édifice dont l’abside se situe presque au même endroit que l’abside du 11e siècle et dont l’angle sud-ouest se profile à l’extérieur de l’édifice actuel. Deux files de six piliers séparaient trois nefs de largeurs inégales. Le sol est formé d’un mortier de tuffeaux qui recouvre de nombreuses tombes peut-être antérieure à la basilique.
Lors de la visite de Mérimée, l’église n’avait plus ni toit, ni portes et fut alors consolidée. Une restauration complète eut lieu dans les années 1960 : sans raison apparente, l’édifice a été surhaussé pour accueillir une charpente recouverte de tuiles rouges.
La tradition fait mention des reliques de San Parteo, sans doute apportées par des Chrétiens d’Afrique du nord fuyant les Vandales (fin du 5e siècle) et ensevelies dans une église qui porta son nom. D’autres sources mentionnent qu’il fut évêque de Mariana.
On peut penser que Parteo, originaire d’Afrique du nord, serait arrivé en Corse fuyant les Vandales. Il aurait séjourné de 439 à 476 sur l’île où il ne resta pas inactif et put exercer l’épiscopat à Mariana.
Il serait retourné à Carthage où de nouvelles persécutions eurent lieu après 480. Ses restes auraient été ramenés en Corse.
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