Curieuse petite chapelle dominant un croisement de routes au cœur de Patrimonio. Difficilement datable, l’édifice pourrait remonter au 10e-début 11e siècle ou être le résultat d’une reconstruction avec des matériaux anciens. A découvrir en même temps que les vignobles classés parmi les meilleurs de Corse !
Patrimonio est surtout connu pour ses vignobles.
Le village comporte pourtant des vestiges d’une occupation très ancienne comme en témoigne la statue menhir (9°-8° siècle av. J.C.) trouvée dans la région et placée à côté de l’église Saint Martin (près de la fontaine). Ce beau menhir, appelé U Nativu, fut découvert en 1965 dans les environs et faisait partie d’un alignement aujourd’hui disparu. Seul exemple à ce jour de statue en calcaire, il présente, sur la poitrine, des bandes rectangulaires en relief suggérant une armure.
Au cœur du village, se dresse une petite chapelle romane, Santa Maria Assunta.
Elle étonne par sa hauteur inhabituelle et par l’absence d’abside.
Elle présente pourtant les caractéristiques des chapelles romanes : de nef unique, elle est construite de petites pierres au chaînage irrégulier. Une seule porte, accessible par un escalier de plusieurs marches, est couronnée d’un imposant linteau rectangulaire reposant sur deux consoles arrondies soutenant un arc aux claveaux légèrement surhaussé encadrant un tympan nu. Au sommet du front se dessinent une croix ajourée et un bol polychromé (tardif) encastré dans une cavité.
Trois petites fenêtres éclairent l’édifice : elles sont surmontées d’une pierre rectangulaire échancrée en arc en plein cintre (mur nord) ou légèrement brisé (mur sud).
Une banquette en escalier longe le mur sud.
L’intérieur est d’une grande sobriété. La seule décoration réside dans les archivoltes échancrées des trois fenêtres et l’arc de décharge fait des claveaux au-dessus de la porte.
De dimensions modestes, 10,70 m x 4,90 m, la chapelle fut réhabilitée en 1994. Sa datation exacte est difficile à établir. Elle présente des matériaux typiquement romans mais ses dimensions (notamment sa hauteur) ne sont pas romanes. Le type de matériaux induirait une datation des 10e-11e siècle mais ses proportions et l’absence d’abside pourraient faire penser à une reconstruction tardive avec les matériaux anciens, peut-être au 12e siècle. L’église apparaît dans un document de 1267 mais celui-ci ne donne aucune description.
Berti G., Tongiorgi L., Les céramiques décoratives sur les églises romanes de Corse, Cahier Corsica 53, 1975, p. 16
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Moracchini-Mazel G., Les églises romanes de Corse, 1967, t. 2 p. 254
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