Se dressant non loin de San Giovanni Battista, Sant’ Elio occupe un plateau dominant le paysage. Il reste de l’édifice une abside reconstituée et des murs conservés sur quelques assises permettant d’en restituer le plan. Une archivolte présente un décor de deux séries de lignes concentriques opposées.
Comme beaucoup de chapelles romanes, Sant’ Elio se situe sur un promontoire offrant une vue superbe sur la côté très découpée. A l’origine, elle était dédiée à Sainte Barbe. Dégradée lors des incursions barbaresques, elle fut réhabilitée au cours de la fin du 17e siècle par la colonie grecque de Vitylo qui la dédie au prophète Elie. Elle ne servit pas très longtemps car en 1731, elle est endommagée lors de l’insurrection des Corses contre Gênes puis définitivement abandonnée.
Son aspect actuel résulte de plusieurs campagnes d’étude et de restauration (1976-1981) effectuées par l’association U Pumonte et la Fagec (sondages, remontage de l’abside et consolidation des murs) ainsi que d’une restauration menée en1994 pour un groupe de jeunes filles dans le cadre d’un stage de formation (stabilisation des angles nord-est et sud-est).
Les sondages dans l’abside et à la base de l’angle nord-est ont révélé les vestiges de deux édifices antérieurs : l’un préroman (entre le 5e et le 9e siècle), l’autre de la fin du 10e-début 11e siècle. L’église actuelle, sans doute consacrée à Sainte Barbe, aurait été reconstruite dans la première moitié du 13e siècle. Détruite par les invasions barbaresques, elle est réhabilitée par les Grecs de Vitylo (16e siècle) et alors dédiée à Saint Elie. Elle sera à nouveau dévastée en 1731 lors de la révolte des Corses contre Gênes et définitivement abandonnée.
Grâce au remontage, le fronton oriental a retrouvé sa croix ajourée et domine l’abside, partie la plus représentative, reposant sur un lit de petites pierres. Un bandeau mouluré souligne la ligne de la toiture en teghie. A l’intérieur, elle présente une voûte en cul de four et un arc triomphal composé de 15 claveaux bien appareillés.
La reconstitution a mis en valeur le bandeau décoratif en tuffeau clair et remis en place l’archivolte de la fenêtre de l’abside. Le décor de ce bloc est particulier : il ne s’agit pas de simples lignes concentriques comme à San Giovanni toute proche mais de deux séries de lignes disposées à la tangente. Ce bloc pourrait être un remploi de l’édifice de la fin du 10e – début du 11e siècle.
Le chœur était légèrement surélevé comme en témoigne une petite marche.
Les murs nord et sud ne sont conservés que sur quelques assises mais l’emploi de grandes dalles en granit jaune apporte charme et originalité. Précédée de trois marches, une seule porte, aménagée dans la façade occidentale, donne accès à l’intérieur de l’édifice. Elle devait être surmontée d’un arc à claveaux dont quelques uns ont été retrouvés et disposés sur le mur.
Le site semble avoir été habité dès la Préhistoire comme en témoigne des traces sur les rochers voisins et des tessons de poterie collectés sur les versants.
Comme dans beaucoup de cas, les pierres de l’édifice ruiné ont été réutilisées, ici dans la petite construction qui longe la route en contre bas du promontoire.
Abbayes primitives et monuments du Haut Moyen Age en Corse, IX La chapelle Sant’Elio à Cargèse, Cahiers Corsica 104-105, 1983, p. 141-148
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Moracchini-Mazel G., Les églises romanes de Corse, 1967, t. 2 p. 272
Corsealbum, les chapelles de Cargèse
Corsicatheque
culture.gov.fr/public/mistral/merimee_fr
France-romane.com
Verges.jeanmarie.free.fr