Carbini est un des sites les plus connus de Corse grâce à son élégant campanile se dressant à côté de l’église San Giovanni Battista.Cet ensemble a retrouvé, grâce aux restaurations, toute la grâce et l’élégance des édifices pisans du 12e siècle avec leur joli décor d’arcatures et de modillons sculptés.
Mérimée, lors de son voyage en 1839, avait remarqué le caractère exceptionnel du site dominé par un ancien campanile fortement ruiné. Il fit classer le monument et demanda la restauration du campanile, ce qui fut effectué en 1886.
A côté de l’église, on peut apercevoir le tracé d’un édifice plus petit, San Quilico. Les deux églises et le campanile formaient un ensemble cultuel.
Eglise piévane, San Giovanni Battista fut construite au premier quart du 12e siècle suivant les critères pisans de l’époque : abside semi-circulaire avec voûte en cul de four avec arc triomphal (ici fait de gros claveaux), nef unique, deux portes latérales, fenêtres en meurtrière. Deux petites particularités : la croix ajourée, présente sur le fronton ouest, est remplacée par une céramique (disparue) sur le fronton est et une autre céramique insérée dans le tympan de la porte sud.
Son charme particulier provient du contraste entre l’appareillage sobre et régulier des moellons et la richesse du décor faisant le tour de l’édifice y compris sur l’abside : arcatures composées de petits arcs semi-circulaires de dimensions inégales, reposant sur des modillons sculptés : motifs floraux, moulures parallèles, feuilles en forme de crochet, têtes humaines, animaux….
Entre les arcatures étaient insérés des bols polychromes, dits bacini, disparus aujourd’hui (25 pour l’ensemble de l’édifice). Enfin, deux moulures soulignent l’une les rampants du toit, l’autre le soubassement. L’ensemble du décor est fort semblable à celui de Poggio di Tallano. Signalons encore, sur le mur sud, quelques motifs en très léger relief : animaux affrontés, quadrupèdes ou griffons.
L’édifice, de 21,15m x 5,60m, donne une impression d’élancement, élément bien présent dans la façade ouest : fronton triangulaires surhaussé par rapport au toit de la nef et porte très haute surmontée d’un arc de décharge encadrant un tympan, actuellement évidé. Les vestiges d’une piscine baptismale ont été dégagés dans l’angle nord-ouest.
Des fouilles menées dans l’abside de l’église ont révélé les traces d’un édifice antérieur plus petit avec abside semi-circulaire précédée d’une clôture de chœur. Ce premier édifice serait datable du 6e ou 7e siècle. Deux fragments d’inscription funéraire romaine (201/300) ont été retrouvé dans les gradins de l’autel.
Un campanile était commun aux deux églises qui, en 1589, étaient encore debout mais en mauvais état. Le campanile fut détruit par la foudre plus tard.
Après le classement des édifices en 1883, le campanile, l’œuvre de Maestro Maternato, architecte réputé venu de Forciolo, fut reconstruit sur trois étages avec des pierres provenant de l’église San Quilico. La seule colonnette restée intacte a servi de modèle pour la reconstitution des 12 fenêtres géminées.
L’église, restaurée en 1983, est toujours un lieu de culte.
La légende raconte que les habitants de Carbini étaient si fiers de leur campanile qu’ils conçurent le projet de tuer l’architecte une fois le chantier terminé. Maternato l’apprit et prétexta un manque d’outils pour retourner chez lui. Mais les habitants proposèrent d’aller les chercher à sa place. En voyant cette délégation, la famille de l’architecte se douta d’un piège et les retint en otage jusqu’au retour de Maternato !
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