L’église Santa Maria se dresse sur une plate-forme d’une châtaigneraie à l’écart du cimetière. Calme et sérénité émanent de cet édifice préroman remanié plusieurs fois pour G. Moracchini car les différents stades de reconstruction sont bien visibles. A l’intérieur, une fresque du 15e siècle.
Mentionnée dans le cartulaire de l’abbaye de Monte-Cristo en 1118, l’abbadia était sans doute déjà construite car, en 951, la comtesse Mathilde d’Ampugnani demanda par testament d’y être inhumée. Cette église connut, comme tant d’autres, des remaniements successifs visibles dans les différents modes de construction. Pour Daniel Istria, par contre, cet édifice a été construit peu avant 1118. Nous retiendrons pourtant que l’édifice actuel, en grande parte de la fin du 11e siècle, est le résultat d’une reconstruction.
Nous suivrons l’analyse réalisée par G. Moracchini-Mazel bien que l’approche de D. Istria et de R. Coroneo place cet édifice à la fin du 11e siècle. La partie la plus ancienne, 10e siècle, se perçoit très bien dans la partie du mur nord vers l’abside et dans la base du mur sud vers l’angle sud-ouest : il s’agit d’une construction de petites pierres plates alternant avec larges assises de dalles de revêtement plus grandes.
Ailleurs, l’abside, le mur sud et la façade occidentale sont faites grandes dalles soigneusement disposées. De cette deuxième époque date aussi la porte occidentale, aux piédroits monolithiques et à son arc de décharge, la croix ajourée ainsi que les fenêtres en meurtrière sur une double profondeur. _ Un bandeau mouluré souligne le soubassement et la toiture de l’abside. En regardant bien, on constate des traces de gravure : imitation de claveaux sur l’archivolte de la fenêtre sud, tracé d’arcatures en plein cintre décorative sur celui de la fenêtre nord.
Une troisième transformation est intervenue dans le prolongement du mur nord.
Cette église à nef unique, d’environ 15,80 m x 6,30 m, avec abside voûtée en cul de four et toit en charpente, possède des restes de fresques du 15e siècle : Saint Antoine de Padoue avec l’Enfant Jésus ; au registre supérieur Saint Pierre enchainé sort d’une prison gardée par un soldat à l’allure d’un sarrasin. Ces fresques ont été recouvertes par une couche plus tardive. On peut encore distinguer un saint Pancrace et l’évocation du Saint Esprit (milieu du 17e siècle ?). Dans les écoinçons : Sainte Lucie et Saint Roc.
La fenêtre du mur sud est intéressante : l’archivolte est ornée de traits gravés imitant les claveaux et de part et d’autre, un jeu d’arcades, comme on peut en voir à Casalta ou à Pietra di Verde.
Déjà en ruines lors de la visite pastorale de Mgr Marliani, évêque de Mariana et d’Accia, en 1646, elle a été restaurée en 1954 et dernièrement en 2013.
Abbayes primitives et monuments du Haut Myen Age en Corse, XI L’abbadia Santa Maria de Canovaria, Cahiers corsica, 114-115-116, 1986, p. 160-163
Coroneo R., Chiese romaniche della Corsica, 2006, p. 87
Istria D., Pouvoirs et fortifications dans le nord de la Corse XIe-XIVe siècle, 2005, p. 117, 132, 133, 248, 339
Massiani St., La Corse et ses chapelles romanes, 1991, p. 71
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Moracchini-Mazel G., Les églises romanes de Corse, 1967, t.1 p. 44, 68, t. 2 p. 291, 401
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