Santa Reparata di Balagna : Santa Reparata

Le village porte le nom de la sainte à qui est dédiée une église fortement remaniée à l’époque baroque. Seule l’abside est d’époque romane ou préromane comme en témoigne le curieux bloc sculpté à côté de la croix ajourée dans le fronton est. Joli jeu de polychromie des blocs formant l’abside. L’intérieur offre des traces de l’époque romane, gothique, renaissance, baroque et 19e siècle.

Situation géographiqueImprimer

Village:
Santa Reparata di Balagna
Chapelle:
Santa Reparata
Pieve:
Santa Reparata ou Aregno
Diocèse:
Aleria

Coordonnées Google Earth:
42°36’14.17"N 8°55’46.13"E
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Coordonées GPS:
42° 36.221’N 8°55.776’E
Altitude:
267 m

Carte IGN:
Ile Rousse 4249OT, point 4255,4-540,1 marqué chap

Accessibilité:
en voiture ; l'église est au centre du village, à la croisée de plusieurs routes, à 6km d'Ile Rousse par la D13

Modalités de visite:
Clé à la mairie : Mme Jeanine Marçon au 0607493138. Prévenir avant la visite. Conseil : venir le matin pour un bon ensoleillement de la pierre sculptée de l'abside

Datation:
abside du 11e siècle ; agrandissement au 16e siècle ; clocher du 17e siècle
Dimensions:
édifice remanié et agrandi

Classement monument historique:
-
23/11/2020:
25/09/2015 accueillis par Madame Marçon

Galerie

Historique et description

L’église, qui a donné son nom au village, se dresse sur une terrasse dont la vue est superbe tant vers l’Ile Rousse et la côte que vers la vallée du Regino. _ Santa Reparata fit l’objet d’un culte très populaire au 11e siècle : cette sainte martyre aurait été torturée et décapitée à Césarée en Palestine sous Dèce (mort en 251).
Les chroniqueurs racontent qu’une expédition fut menée en Sardaigne et en Corse pour ramener le corps de la sainte qui fut solennellement déposé dans la cathédrale de Pise en 1052.


Le visiteur pressé pourrait passer à côté de cette église aux allures baroques sans se rendre compte des origines romanes ou même préromanes. Agrandi en 1538, date mentionnée sur le linteau de la porte occidentale, et doté d’un clocher au 17e siècle, l’édifice présente encore une abside typiquement romane.
On en reconnait les caractéristiques : des blocs bien appareillés de couleur noire et jaune réparties d’une façon aléatoire, fenêtres avec leur archivolte (celle du mur sud entaillée d’un arc brisé, celle de l’abside décorée d’arcs concentriques en plein cintre), une croix ajourée sur le fronton est. A côté de la croix, une curieuse pierre sculptée présente des animaux affrontés ( quadrupèdes à droite, oiseaux à gauche ).
On constate que des blocs romans ont été réutilisés dans la nouvelle construction pour les portes : encadrement et modillons pour la porte latérale (sud) ainsi que pour la porte occidentale surmontée de claveaux dessinant un arc légèrement brisé.
L’abside, reposant sur une arase importante, est datable du 3eme quart du 11e siècle mais elle remplace peut-être un édifice plus ancien (du 10e siècle), celui qui existait sans doute en 1095 et qui a fait l’objet d’une donation au monastère bénédictin de l’île de la Gorgone par l’évêque d’Aléria, Landolfus, donation renouvelée trois ans plus tard.
A l’intérieur, les éléments romans de l’abside ont été soigneusement respectés. C’est ainsi que l’on aperçoit très bien le tracé de la porte et de la fenêtre du mur nord, même si ces deux éléments n’ont plus d’utilité. Du côté sud, sont conservés les contours d’une fenêtre en meurtrière. L’arc triomphal, reposant sur deux consoles, est composé de blocs que l’on aperçoit du côté du chœur.
Des travaux récents et des sondages des murs réalisés par Monique Traeber ont révélé des traces de peintures imitant la polychromie des pierres extérieures et un décor au pochoir du 19e siècle (sous la chaire de vérité).
Cinq époques différentes sont ainsi bien marquées : romane (nef voûtée en cul de four), gothique (voûte à arrêtes), renaissance (décor en grotesque), baroque (chapelle latérale) et 19e siècle (décor au pochoir). Tout un programme !
Parmi le mobilier, signalons un beau tableau de l’école de Ribera, les âmes du purgatoire, un baptistère qui remplace une cuve baptismale qui se trouvait sur le côté droit vers le fonds de l’église et un bénitier en marbre.
En face de l’église, on peut remarquer une ancienne inscription englobée dans le mur de la confrérie.
L’église fut donnée par l’évêque d’Aleria à l’abbaye de la Gorgone en 1095 qui développa une gestion visant à renforcer la cohésion des terres par achat ou échange. Le vice-abbé Baldinus, au début du 12e siècle, s’illustra tout particulièrement dans cette politique de remembrement.

Bibliographie

Arnoux-Gabielli A., Eglises romanes de Corse, 2016, p. 123
Coroneo R., Chiese romaniche della Corsica, 2006, p. 82-83
Guide Bleu, Corse, 2009, p. 291
Guide Vert, Corse, 2009, p. 180
Haute Corse, Gallimard, 2006, p. 207
Istria D., Pouvoirs et fortifications du nord de la Corse, XIe-XIVe siècle, 2005, p. 84, 121, 127, 128, 129, 133, 177, 232
Lonely planet, Corse, 2014, p. 117
Massiani St., La Corse et ses chapelles romanes, 1991, p. 54
Monuments de Corse, 2003, p.67-69
Moracchini-Mazel G., Corsica Sacra, 2004, p. 127-128, 244
Moracchini-Mazel G., Les églises romanes de Corse, 1967, t.1 p. 72, t.2 p. 359, 425

Internet :

coggia.com/coggia-sagone/dossiers/Gaubert : Gaubert, Recherches sur les origines de la Corse par les monuments (d’après les dessins pris sur place dans les années 1886-1889), planche XIX
decouvrirlacorse.chez.com/romanes
France-romane.com
verges.jeanmarie.free.fr