Petite chapelle champêtre blottie sur les bords du Tavignano, aux abords d’un pont génois, un des plus beaux ponts de Corse.
Comme bien d’autres chapelles, sa datation fait débat : elle aurait été reconstruite en 1600 avec des matériaux d’une chapelle précédente.
Erigée au bord du Tavignano, la chapelle San Giovanni di u ponte a u larice semble veiller sur le pont génois.
Détruit par une crue exceptionnelle en hiver 1684, ce pont à trois piles et trois arches en pierres de taille fut reconstruit en 1697 par le gouverneur génois Ambroggio Imperiale. Elargi par les Français en 1780, il servit jusqu’en 2012, date de la mise en service du nouveau pont plus adapté au trafic moderne.
La chapelle San Giovanni Evangelista est toute modeste, son abside semblant à peine dépasser du sol. Elle est pourtant très intéressante : appareillée avec des rangées de pierres bien taillées, alternées avec des lits de pierres plates, elle constitue, pour G. Moracchini-Mazel, un exemple de l’aboutissement de l’évolution de l’architecture préromane et annonce le premier art roman du 11e siècle.
La nef unique, 10,50 m x 4,75 mm, se termine par une abside semi-circulaire voutée de très petites pierres noyées dans un mortier de chaux. L’arc triomphal est formé de 36 claveaux minces agencés avec précision. L’extrados et l’intrados ne sont pas concentriques. Une petite niche est aménagée dans la partie sud de l’abside et une banquette est disposée au pied du mur nord sur les 3/4 de de sa longueur. Notons encore que la nef, en léger contre-bas du côté ouest, est dallée.
Deux portes donnent accès à l’intérieur : l’une à l’ouest, l’autre au sud, toutes deux formée de piédroits monolithes surmontés d’un linteau.
Les fenêtres meurtrières (une de chaque côté et une au centre de l’abside) s’ornent de piédroits monolithes et d’une archivolte en arc.
Sur le mur sud, on aperçoit plusieurs inscriptions faisant allusion à des réfections des 17e et 18e siècles : Malissandro fecet…1600, Maestro Alissandro m’a construite en 1600, plus loin sur un bloc porte la date de 1663 ; ou encore 1742.
A la base du mur sud et de l’abside apparait un autre type d’appareillage. Il se pourrait qu’un autre édifice ait précédé celui-ci.
Cette petite chapelle champêtre, dite « monachia » et actuellement désaffectée, était dédiée à San Giovanni Evangelista et non à San Giovanni Battista. On n’y célébrait donc pas de baptême (acte notarié de 1721 mentionné par Geneviève Moracchini-Mazel dans Corsica Sacra).
L’histoire de cet édifice est sujet à débat. D’après les dernières études, la chapelle aurait été reconstruite entièrement en 1600 par maitre Alissandro qui aurait réutilisé une partie des pierres taillées provenant de l’église romane ruinée.
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