Le petit oratoire se dressant au col du Prato et ayant conservé l’abside et une partie des murs, est le souvenir de l’ancienne cathédrale d’Accia. Situé en altitude, il est un bon exemple de la volonté de porter l’évangélisation dans les coins les plus reculés, à la croisée des chemins muletiers.
L’ancienne basilique d’Accia se dresse sur un petit plateau à 1070m d’altitude au pied du mont San Petrone, aux carrefours de plusieurs sentiers muletiers.
La concordance entre les textes et les vestiges archéologiques n’est pas aisée. Les textes de 596 nous relatent la demande expresse du pape Grégoire le Grand (590-604) de vouloir développer l’évangélisation de cette partie montagneuse du diocèse d’Accia après les invasions barbares. Des lettres écrites par le Pape à l’évêque d’Aleria font clairement mention d’une basilique et d’un baptistère à construire sur le Mont Nigeuno en l’honneur du bienheureux chef des Apôtres Pierre et du martyr Laurent. En 754, il est fait mention d’un monastère, le seul connu durant le haut Moyen Age, construit grâce à une fondation privée et donnée à l’abbaye toscane de San Pietro in Palazzuolo. Mais ce monastère n’apparaît plus dans un diplôme impérial de 1014.
Une église dédiée à San Pietro se dresse au col du Prato mais les fouilles n’ont révélé aucune trace de baptistère. D’autre part, au sommet du San Pedrone, subsistent les traces d’une construction en pierres équarries sur une plate-forme de 5mx8m non loin d’un site occupé à l’âge du bronze. Peut-être faut-il y voir les vestiges de la première cathédrale, une autre ayant été construite par la suite à un endroit plus proche sur le col du Prato. Cette construction connut, au15e ou 16e siècle, des modifications et l’adjonction d’une habitation sur la façade ouest.
Ce sont d’ailleurs les restes de cette habitation que l’on traverse aujourd’hui pour accéder au petit oratoire reconstruit en respectant l’abside et reprenant les murs semi-écroulés.
Selon G. Moracchini-Mazel, la petite église actuelle remonte à la fin du 6e-début du 7e siècle. Pour R. Coroneo, il s’agit d’un édifice construit aux 12e-13e siècles sur l’emplacement d’un précédent édifice.
Quoiqu’il en soit, la façade ouest est donc nouvelle et ne correspond pas à l’emplacement de la façade d’origine dont on distingue, au sol, le tracé primitif et le seuil de la porte. Le mur nord a conservé une petite fenêtre et la porte surmontée d’un linteau de forme triangulaire tronquée. L’abside, aux fondations importantes, est semi-circulaire et percée d’une fenêtre au centre. Le mur sud est complètement aveugle. Une porte devait se situer à l’angle de la reconstruction.
L’édifice est construit avec les pierres en serpentine locale qui sont irrégulières et liées entre elles par du mortier à la chaux. Ce type de maçonnerie est loin des beaux blocs taillés que l’on trouve sur les édifices pisans.
A l’intérieur, la nef se termine par une abside voûtée en cul de four précédée d’un arc triomphal. Sur l’une des pierres : un poisson.
Un modillon sculpté est conservé au Musée d’Anthropologie de Bastia. On ne peut malheureusement pas en distinguer le motif (MEC. 60.13).
Chaque année, le 1er août, le sanctuaire revit pour une cérémonie religieuse rassemblant les habitants des pieve voisines, se retrouvant ensuite pour une foire (une des sept foires anciennes de Corse) qui se tient au col du Prato.
Arnoux-Gabrielli A., Eglises romanes de Corse, 2016, p. 112
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