

Très belle petite chapelle du 11e siècle située, à mi-pente, au bord d’une nouvelle zone d’habitation de Barbaggio. Elle présente une construction soignée avec un jeu de bichromie entre grandes dalles et assises plus fines. La porte sud est surmontée d’un solide linteau en bâtière. Elle mériterait une consolidation.
Située sur le territoire de Barbaggio en bordure de celui de Patrimonio, la chapelle se dresse en surplomb de l’ancien chemin muletier conduisant vers la plaine. L’accès actuel se fait par Patrimonio.
Elle est en mauvais état : la toiture a disparu et les claveaux de l’arc triomphal ont commencé à glisser provoquant un tassement de la voûte.
Une consolidation a déjà été entreprise dans les années 1983-84 à l’initiative de la FAGEC soutenue par l’ASCO. Celle-ci a permis de sauver l’arc triomphal et une partie du fronton mais une nouvelle consolidation serait nécessaire.
Transformée au 17e siècle, toute la partie occidentale a été refaite avec un appareillage réemployant des pierres anciennes (notamment des claveaux) posées d’une façon anarchique.
Le reste de l’édifice témoigne d’une construction soignée de la fin du 11e siècle : de larges dalles de schiste gris alternent avec des assises plus fines de couleur plus foncée créant ainsi un effet de bichromie.
L’abside, située traditionnellement à l’est, est ornée d’une moulure soulignant la toiture et présente une fenêtre aux piédroits monolithes surmontée, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, d’une archivolte semi-circulaire. Elle constitue la partie la plus ancienne de l’édifice et pourrait dater du début du 11e siècle.
Deux autres fenêtres, au double ébrasement, sont percées dans chacun des murs latéraux. Un trait gravé souligne l’arrondi de l’archivolte.
Le mur sud est doté d’une porte latérale surmontée à l’extérieur d’un linteau en bâtière et, à l’intérieur, d’un arc encadrant un tympan nu.
La nef, de 8,90 mx 4,65 m, se termine par une abside en cul de four précédée d’un arc triomphal à claveaux. L’autel était légèrement surélevé et trois niveaux de sol différents ont été identifiés. Trois banquettes étaient disposées le long des murs.
Aujourd’hui les petites pierres de la voûte sont apparentes mais G. Moracchini-Mazel signale des restes de fresques sur un enduit assez fin.
La chapelle, sans doute, principalis pour toute la région, est construite à mi-pente : si le niveau extérieur du mur sud est plus haut, au nord, il est plus bas. Une marche a été nécessaire au sud tandis que le côté nord, par contre, sert aussi de mur de soutènement.
Notons pour terminer que les trous de charpente sont soit taillés dans les pierres, soit formés d’un espace laissé entre les blocs.
La région a livré de nombreuses traces d’un passé chargé : voie romaine entre le port de Nebbio et San Pietro, maison-tour bâtie sur les restes d’un village préhistorique et menhir (exposé sur la place du village de Patrimonio), seul rescapé d’un alignement.
Costa L.-J., Monuments préhistoriques de Corse, 2009, p. 108
Istria D., Pouvoirs et fortifications du nord de la Corse, XIe-XIVe siècle, 2005, p. 109
Les églises piévanes de Corse de l’époque romaine au Moyen Age, XXII La piévanie de Patrimonio, Cahier corsica, 180, 1998, p. 11-16
Michel F., Pasqualaggi D., Carte archéologique de la Gaule, La Corse, 2013, p. 197
Moracchini-Mazel G., Les églises romanes de Corse, 1967, t. 2 p. 253
Andreani C., Machline S., “Chapelle Saint Pierre dite San Petru”, Médiathèque Culturelle de la Corse et des Corses (m3c-univ-corse.fr)
Le site a été consolidé par la FAGEC avec le soutien de l’ association ASCO
Histoire.du.Nebbiu